Les jeunes, le Blackface et le Sauvage
Depuis 2019, le personnage du Sauvage de la Ducasse d’Ath est au centre de nombreux débats. Notre folklore est pointé du doigt avec la pratique du Blackface… Mais qu’en pensent les jeunes athois ?
Juin 2021, une table ronde invitait 50 personnes, citoyens et acteurs du folklore, à comprendre et à décrypter le Sauvage… Il est apparu primordial d’impliquer également les jeunes à cette réflexion afin qu’ils puissent exprimer leurs points de vue sur cette problématique qui les concerne tout autant.
Depuis novembre 2022, une classe de 6e secondaire de l’Institut Technique Libre et une autre de l’ITCF Renée Joffroy participent aux animations proposées par la Maison Culturelle. Le défi ? Réaliser un podcast et une séquence vidéo qui présentent la situation et permettent de donner leurs avis. Les élèves sont accompagnés par un journaliste, une animatrice de la MCA et, bien sûr, leurs enseignants.
Travailler sur cette question locale et qui, pour la plupart, les touche directement n’était pas chose aisée. L’exclusion de la Ducasse d’Ath par l’UNESCO de la liste du patrimoine immatériel, survenue en décembre, n’a pas découragé les ados à poursuivre leurs réflexions.
Après avoir fait part de leurs avis sur la situation actuelle, les jeunes ont accueilli et écouté divers intervenants : un historien, l’interprète du Sauvage, des figurants de la barque des pêcheurs napolitains et des personnes afro-descendantes. Les rencontres ont généré de riches échanges et permis de répondre à certaines interrogations.
« Le projet a permis de développer leur esprit critique. Ils ont compris que pour toute question, il y a plusieurs réponses et qu’elles s’équivalent toutes. Là où avant, ils se seraient peut-être arrêtés à leur unique point de vue, ils ont appris à écouter ceux des autres. Ce sont des apprentissages très importants, surtout pour leur vie de citoyen », explique Eva Robeaux, professeure de français à l’ITL.
Faut-il conserver en l’état le personnage du Sauvage ou le modifier ?
Telles sont les questions que les étudiants se sont posées au fil des ateliers. Cette démarche leur a permis de comprendre le fond du problème et d’en débattre, mais aussi de partager leurs visions sur la société athoise et son avenir en tant que cité folklorique à part entière. Et ils en ont des choses à dire !
« Travailler les concepts de sciences sociales par le biais d’un projet concret et surtout, ancré à Ath a été très motivant pour les élèves. C’est toujours un vrai plus pour eux quand les concepts vus en cours sont aisément transposables dans la vie réelle.
Je pense qu’ils ont conscience d’avoir pu globalement élever le niveau de leur réflexion et sortir des présupposés communs. Ce projet leur a aussi permis d’envisager une réflexion qui sorte de la dichotomie présente au début et de percevoir la nuance des points de vue possibles.
Le fait de rencontrer des intervenants spécialisés et de pouvoir échanger avec eux a été plus que pertinent et a été un levier dans le processus de compréhension de la complexité du phénomène. »
Sarah Gousset, enseignante en sciences sociales et éducatives à l’ITCF
Bravo aux jeunes qui pendant plus de 15 heures de cours se sont impliqués dans le projet et ont accepté de se positionner ouvertement, en classe, sur le sujet.
Découvrez les deux médias qu’ils ont réalisés sur forumsauvageath.be.