Le 17 octobre, c’est tous les jours !
La CLEC a interpellé + de 50 jeunes sur les questions C’est quoi être pauvre ? et Que puis-je faire ? du haut de mes 14-15 ans. Leurs propos interpellent...
Le 17 octobre, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. À cette occasion, les bénévoles de la Commission de Lutte contre l’Exclusion Culturelle de la MCA (la CLEC) ont interpellé le public, présent à la projection du film Les invisibles et à la représentation du spectacle Monsieur, sur l’image de la pauvreté dans leur quotidien. Des témoignages d’Athois et la participation du CPAS ont permis de mesurer la réalité et la proximité des situations de précarité.
Accompagnés par leur professeure de citoyenneté, une cinquantaine d’élèves de 3e secondaire de l’Athenée Royal d’Ath ont également planché pour produire des textes et dessins autour de ce même sujet. Leurs travaux ont été exposés au cinéma L’Écran et au Château Burbant… Force est de constater que pour ces jeunes « on est pauvre lorsqu’on est SDF ! »
La pauvreté, oui ce sont les SDF mais pas que !
La Commission a rebondi sur ce constat pour faire émerger divers aspects permettant d’éclairer les jeunes. Par exemple, ce chiffre en augmentation les touchant directement : 46% des demandes du Revenu d’Intégration, le RI, concernent les 18 à 24 ans afin de pouvoir, pour certains d’entre eux, continuer leurs études !
Afin d’approfondir la discussion, la définition suivante a été choisie : « une personne en situation de pauvreté ne dispose pas des ressources matérielles suffisantes et vit dans des conditions qui ne lui permettent pas d’exister dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et qui la condamnent à survivre péniblement au jour le jour » (source)
Définition autour de laquelle sont venues se greffer d’autres notions : les services d’aides, les droits humains et les doits de l’enfant, le logement, la santé, les loisirs…
Après les congés d’automne et en classe cette fois-ci, les membres de la CLEC ont approfondi les questions C’est quoi être pauvre ? et Que puis-je faire ? du haut de mes 14-15 ans. Les étudiants ont ainsi relevé de nombreuses propositions qui peuvent aider leurs prochains : déposer des repas au frigo solidaire, effectuer des gestes ponctuels faisant appel à la solidarité, être bénévole dans les associations, écouter et être dans la relation humaine, accueillir, mener des projets, dire Bonjour, montrer du respect, ne pas poser de jugement… Participer à des actions comme Le Père Noël est un Géant, l’Unicef, l’opération Arc-en-ciel, la Croix-Rouge… ou encore au projet athois Une boîte à chaussures pour Noël comme ce sera le cas pour les 2e secondaires de la même école !
Ce travail est un long chemin vers la compréhension et l’empathie envers des personnes vivant autrement leur vie. Des échanges et des infos qui feront leur petit bonhomme de chemin dans la tête des adultes de demain.
PAROLES D'ADOS
« Ça touche tout le monde ! »
« Faut faire quoi ? Faire attention ! »
PAROLE DE PROF : Manon Brunelle, philosophie et citoyenneté
« Pour débuter cette année scolaire, nous avons emmené les élèves de 3e option citoyenneté voir le spectacle Monsieur. Avant la représentation, les étudiants se sont exprimés sur le sujet à travers diverses productions écrites. Pour eux, la pauvreté rime avec des personnes sans domicile fixe. Nous sommes restés sur ce constat avant d’aller voir la pièce. Le spectacle n’a pas vraiment répondu à leurs questions puisque le personnage n’a pas expliqué les raisons l’ayant conduit dans cette situation. Nous avons donc regardé un reportage sur la situation de précarité de citoyens français en 2019. Les élèves ont pu être confrontés aux difficultés auxquelles font face chaque année de plus en plus de familles : finir le mois avec 200€, ne pas manger de repas chaud lorsque les enfants sont chez leur papa... Après discussion, ils font des calculs : 3€ pour un sandwich 5 fois par semaine, ça fait 60€ pour manger le midi avec les copains pendant un mois : plus d’1/4 du budget du couple de retraités !
Trois semaines sont passées avant la dernière activité prévue : un échange entre certains membres de la CLEC et les élèves. Un moment enrichissant, rempli de partage, de questions, d’interpellations. Toutes ces activités ont permis aux jeunes d’être confrontés à du réel et de mieux comprendre la problématique de la précarité d’aujourd’hui. »
PAROLES DES MEMBRES DE LA COMMISSION
« La pauvreté, c’est ce qui est à ma porte, car je ne suis pas pauvre. Mais la gêne n’est jamais très loin, on peut y basculer du jour au lendemain. La pauvreté relationnelle (solitude) de la personne non pauvre n’est pas le sujet du 17 octobre. Mais la solitude quand on est pauvre, c’est une souffrance énorme en plus. »
« La pauvreté au quotidien me choque en tant qu’être humain. Le fait de savoir qu’un enfant sur 5 en Belgique vit dans la pauvreté m’émeut et me révolte à la fois. Mais que faire, car tant de pauvres se cachent et seuls les extrêmes sont visibles (SDF et mendiants). Un regard, un bonjour, un sourire, un conseil, une adresse ? Redonner à l’autre sa dignité. »
« C’est déjà d’avoir peur de sortir et de rencontrer des gens dans la crainte de ne pas pouvoir participer à quelque chose, aller boire un verre par exemple. On ne peut pas faire de la même manière que les autres. La crainte d’aller chez le médecin et de ressortir avec une ordonnance. Vous vous dites : si je me soigne, je ne peux plus dépenser pour autre chose... Je ne pourrai pas aller voir mon petit-fils, car je n’ai pas assez pour payer mon trajet en train… La Saint-Nicolas approche et je ne pourrai même pas lui acheter un petit cadeau… Beaucoup de personnes comprennent, mais ce n’est pas simple à vivre personnellement. »